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La taille ne compte pas. La RSE en PME, c’est possible!

Cet article a été mis à jour le 01/07/2021 suite à une réponse en plus au sondage.

La Responsabilité sociale des entreprises (RSE) n’est pas l’apanage des multinationales. 99% des entreprises suisses sont des Petites et Moyennes entreprises (PME). Leur engagement dans la transition écologique est donc primordial.

La RSE est souvent perçue comme un domaine réservé aux multinationales, car elles seules auraient les capacités organisationnelles et financières pour mettre en place une stratégie de durabilité d’entreprise. Pourtant, les PME présentent de nombreux avantages pour la RSE. Selon un article de Blossom Communication, il y est moins complexe de faire un diagnostic, d’établir les axes stratégiques et de mobiliser les parties prenantes, car la taille des PME et leur hiérarchie plus simple permettent d’instaurer un dialogue plus facilement. De plus, elles sont connues pour favoriser l’innovation et ont un ancrage plus local avec un circuit court. Tout ceci en fait un environnement favorable à la RSE!

Malheureusement, selon un autre sondage, uniquement la moitié des PME françaises ont une démarche RSE et seulement 25% d’entre elles vont au-delà des actions spontanées et beaucoup se content d’un bilan carbone.  Pourtant, la RSE a depuis longtemps prouvé son utilité en termes économiques, que se soit en gains compétitifs ou bien en recrutement – 91% des salariés français veulent travailler pour une entreprise qui s’engage dans une démarche RSE.

Qu’en est-il en Suisse?

Afin de comprendre où en était l’engagement RSE des PME en Suisse, je lançai début mai 2021 un court questionnaire composé de douze questions. Malheureusement, la pandémie et la situation économique liée ont eu raison du nombre de répondants (5). Ces réponses étant très intéressantes, j’ai quand même décidé de publier cet article.

Tout d’abord, l’un des arguments pour expliquer le manque de démarche RSE est l’absence de conviction. Dans le cas de mes répondants, je remarque pourtant un fort engagement(cela est sûrement dû aux types des entreprises qui ont répondu, par exemple, qui sont engagées dans le mouvement BCorp etc.). Pour Gammadia*, le développement durable est “le fait de limiter l’impact environnemental tout en améliorant l’impact social (sur les employés et la communauté). Cela en gardant en tête les aspects économiques. Le rôle du secteur privé (…) ressemble à ce que nous pouvons/devons faire chacun à titre individuel, mais à plus grande échelle”

On notera l’équilibre entre les trois dimensions du développement durable qui est généralement implicite, car comme dit plus haut, pour beaucoup, la RSE équivaut au bilan carbone et omettent les aspects sociaux. Pour l’art du cosmétique au naturel (qui est en réalité une association qui propose des ateliers de cosmétiques naturelles ainsi qu’une boutique en ligne), il y a également l’idée d’éthique, de “prendre en compte l’avenir des générations futures pour un monde meilleur”, un point qui fait référence à la définition du développement durable du rapport Brundtland. Pour Sofies *, “le développement durable c’est un développement qui n’altère pas la capacité de notre écosystème à se régénérer”.

Une enquête de Zei sur les entreprises françaises démontre que plus de la moitié voudraient ou mettent en place des mesures contre l’urgence climatique en priorité, suivi du social à 40,1% (égalité homme-femme, inclusion etc.) puis en fin de classement, il y a la raison d’être et la gouvernance d’entreprise. 

Dans le cas de mes répondants, ils priorisent aussi l’environnement et le climat principalement par le recyclage et la réduction des déchets et des impacts sur la nature, en utilisant un éclairage LED ou des emballages recyclés, ou proposant des produits éco-conçus. Par exemple, mia&noa* est une start up que j’ai déjà mentionnée lors d’un article précédent qui propose du café personnalisable via une application et Zéro Déchet puisque vous pouvez apporter votre propre tasse au lieu du gobelet non-recyclable. Il y a également Sac à Snack* qui crée des sacs réutilisables.  L’autre type de mesures populaires est lié à l’approvisionnement tel que des matériaux biologique ou équitables voire locaux. Finalement, viennent la mobilité durable, la sensibilisation des employés et des consommateurs et la gouvernance générale (seuls trois répondants ont une stratégie de durabilité et font un rapport, mais cela peut être dû à la petite taille des autres entreprises).

Il est vrai que les questions sociales (autre que l’approvisionnement durable qui est à la fois un problème environnemental et social, comme finalement, toutes les thématiques écologiques) sont moins prédominantes. Les répondants mentionnent les politiques anti-discrimination, anti-harcélement et la formation des personnes en recherche d’emploi ou les jeunes. Il est intéressant de noter que Gammadia a mis en place un congé paternité de quatre semaines, des horaires flexibles ainsi que le télétravail (“ avant que ça ne devienne la mode”) (de même que Sofies pour les deux derniers points).

Parmi les freins à la démarche RSE souvent mentionnés dans l’enquête Zei et la littérature sur le sujet, les entreprises et collaborateurs énoncent les coûts anticipés, un manque d’implication de la direction et d’information et de connaissances en développement durable, et finalement, le temps pour s’y consacrer. Dans le cas de mes répondants, je retrouve aussi le manque de temps, mais également, les multiples batailles à mener (écologique, social etc.), les difficultés à trouver des fournisseurs locaux à prix compétitif afin de pouvoir proposer des produits durables et abordables ainsi que la location des bureaux qui limite le pouvoir d’actions des entreprises. Les solutions possibles pourraient être un coaching de soutien contre le manque de temps et financier pour rester compétitif face à la concurrence en plus des mesures de sensibilisation proposées par les répondants pour les consommateurs et les collaborateurs, la direction et les parties prenantes contre la résistance au changement et ainsi favoriser leurs produits plus écologiques. Sofies est d’ailleurs un exemple de PME qui accompagne les entreprises dans cette démarche.

Il est donc bien possible de mettre en place des actions de RSE même si on est une PME comme l’ont démontré les cinq répondants à mon court sondage, que je remercie d’avoir pris le temps de me répondre. J’espère que leurs actions vous auront inspirés à vous engager également!

A.

*Entreprises mentionnées avec leur permission.

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